Chanson des escargots qui vont à l'enterrement
À l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s'en vont dans le soir Un très beau soir d'automne Hélas quand ils arrivent C'est déjà le printemps Les feuilles qui étaient mortes Sont toutes ressuscitées (…)
Ce début délicieux du long poème de Jacques Prévert extrait de Paroles renvoie à notre vécu du temps. Le temps que nous imaginons fixe quand nous sommes happés par le choc d’un évènement. Ou quand nous sommes aveuglément fixés sur un objectif linéaire sans nous autoriser ce changement par le temps qui passe et nous transforme. Ce temps qui nous entraîne parfois vers un retour au même. Ce temps que nous perdons. Celui après lequel nous courrons, que nous voudrions accélérer, retarder, arrêter. Ce temps qui a son propre rythme nous fait parfois un pied de nez et nous ramène à la réalité. Ce temps vivant qui nous œuvre de l’intérieur, nous pouvons en ressusciter la joie et le sens à chaque instant. Et à l’automne, préparer déjà notre printemps. Viviane Cangeloni
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